Washington – Fortement soutenu par les écologistes et les politiciens de la gauche comme moyen de lutter contre le phénomène du changement climatique, et de donner des ailes à l’économie respectueuse de l’environnement, le marché des Véhicules électriques (VE) peine à gagner en vitesse aux Etats-Unis, plombé notamment par une faible demande.
Exemple éloquent de cette perte de vitesse, le constructeur américain, Ford, l’un des portes-étendard de ce créneau, derrière Tesla, déclarait tout récemment vouloir annuler purement et simplement la construction d’un gros SUV électrique qu’il avait annoncé en grande pompe.
Une demande du consommateur américain moins enthousiaste que prévu, conjuguée à une rude concurrence des compagnies chinoises, ont contraint le constructeur américain à réduire sa voilure, optant pour des projets plus modestes.
La commercialisation du gros 4X4 à trois rangées, que le DG de Ford, Jim Farley, avait un jour décrit comme un “train à grande vitesse personnalisé”, avait été annoncée pour 2025 avant d’être repoussée, en avril, à 2027.
Au final, l’engin promis ne verra plus le jour, reflet, notent des analystes, du désarroi du constructeur, mais surtout de l’imprévisibilité de ce marché malgré le fort soutien de l’administration Biden, qui tente de le booster au forceps à coup de régulations contraignantes.
Le constructeur a également retardé, pour la deuxième fois, l’ouverture d’une usine de camions électriques en construction dans le Tennessee (sud), l’investissement le plus conséquent de ses 120 ans d’existence, dont le lancement est désormais prévu en 2027, au lieu de 2025.
Selon les estimations du Wall Street Journal, Ford devra perdre près de 5 milliards de dollars, en raison de ventes en perte estimées, à la fin du deuxième trimestre de 2024, à 44.000 dollars par véhicule vendu.
Ford n’est pas le seul constructeur à revoir à la baisse ses ambitions écologiques. L’autre géant américain de l’automobile, General Motors, a également annoncé en juillet qu’il retardera ses projets de commercialisation d’un nouveau véhicule électrique Buick, et repoussera l’ouverture d’une usine de camions électriques.
Annonçant la nouvelle, la DG du constructeur américain, Mary Barra, avait indiqué que GM “ne veut pas devancer la demande des consommateurs”, optant plutôt pour des modèles électriques moins volumineux qui “représentent les plus grandes opportunités de croissance pour nous”.
Expliquant ce rétropédalage, les observateurs du marché pointent du doigt la concurrence très rude des constructeurs chinois, à leur tête BYD, et la cherté des batteries; autant de facteurs auxquels s’ajoute la difficulté de trouver des stations de recharge, ce qui dissuade les consommateurs.
Mais, loin d’être irréversibles, ces décisions ne sont, selon des spécialistes du secteur, que démarches tactiques en attendant des jours meilleurs. “Il s’agit clairement d’une décision difficile à court terme, mais nous pensons qu’elle est logique à moyen et long terme”, a déclaré l’analyste de Bank of America John Murphy dans une note aux investisseurs.
Les fabricants d’automobiles n’ont aucune intention de se retirer du marché des VE. En fait, deux forces les poussent à continuer irréversiblement dans ce chemin: le durcissement des règles gouvernementales en matière d’émissions, et l’expansion mondiale rapide des constructeurs chinois de véhicules électriques et de Tesla, tranchent les observateurs.
“Si vous ne respectez pas vos exigences en matière d’émissions, vous ne pouvez pas vendre de véhicules”, a déclaré récemment le patron de Ford.
Une récente loi promulguée par l’administration américaine accorde aux constructeurs automobile jusqu’au début des années 2030 pour que leurs ventes en VE soient majoritaires. Les pourcentages exacts dépendent du niveau des éléments polluants émis par les autres véhicules vendus.
Cependant, des spécialistes de ce marché semblent plus suspects à cet égard. L’industrie n’étant jamais complètement dissociée de la politique aux Etats-Unis, toutes ces règles écologiques pourraient prendre un coup d’arrêt net si le candidat républicain à la présidence de novembre prochain remporte les élections.
Dans son programme électoral, Donald Trump promet clairement d’”annuler l’obligation des véhicules électriques et de réduire les réglementations coûteuses et lourdes” sur le marché automobile.
Très peu convaincu par le bien fondé de la pensée écologique, Trump veut également “faire de l’Amérique, de loin, le premier producteur d’énergie au monde”.